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UNE CHAMBRE

Installation, poésie, performance 

C'est une chambre. Un rituel. Une reconstruction. 

La reconstruction d’une chambre où vit un être aimé. 

J’ai souvent pensé en entrant dans cette chambre que c’était la dernière fois. 

J’ai souvent fantasmé de pouvoir m’y réfugier une fois de plus. 

 

C’est une chambre : intime et très concrète. Simple.

C’est également une métaphore. Et ce doit être un espace qui offre un espace à chacun. 

C’est une invitation à rentrer dans une chambre et prendre part au rituel. La chambre peut se réinventer, prendre de nouveaux sens. 

 

C’est enfin une invitation à échanger,  à propos d’autres chambres, qui ont une signification particulière pour d’autres personnes. Ces chambres où dorment ceux que nous aimons.

 

Entrez dans une chambre, elle a sa propre histoire mais elle est à vous le temps que vous y serez. Tout peut être touché, les textes, les livres peuvent être lus, le consommable être consommé etc. Et il y a de l'espace pour votre propre histoire.

Sélection de poèmes présents dans l'installation : 

Le présent du poème / le présent du présent (poème principal dont la version originale est en danois) 

Tu me lis quelques poèmes à voix haute

nous sommes assis sur ton lit - nous avons une fois

fait l'amour dans ce lit avec vue sur 

le quartier des abattoirs - ce n'était pas très orthodoxe  

d'avoir fait l'amour cette fois-là

c'était tout sauf politiquement

correct - c'était peut-être la dernière fois 

que nous devions nous voir - je regardais les gens

à travers la fenêtre - c'était un vendredi soir 

c'était après notre premier baiser

avec du rhum sur les lèvres, avant que nous fassions l'amour 

pour la première fois, mais conscients à présent 

que cela allait arriver - oui c'était un vendredi soir 

je regardais les gens et je t'ai demandé 

"que veulent-ils ? que cherchent-ils ?

que désirent-ils ?" tu as répondu "je ne sais

pas" et fermé les rideaux et tu m'as empoignée

moi et mes questions sans réponse

et mon corps infidèle et mon âme infidèle

et le monde était juste une chose floue 

de l'autre côté de la fenêtre masqué 

par des rideaux - et je fondais dans le présent dans

tes bras dans cet élan amoureux - 

et c'est dur de ne pas penser à cela 

à présent que nous sommes à nouveau assis sur ton lit avec 

les mêmes oreillers noir et blanc 

et les gens qui sont en quête de quelque chose d'indéfini 

dehors 

je fonds dans le présent à nouveau - (le présent du poème)

(le présent du présent) 

je saute des îles des poèmes où je me sens

rassurée à la fois à l'étranger et chez moi

à la fois étranger et familier 

étranger en tout premier 

mais je me sens toujours à la maison 

sur une île même ta langue étrangère de cette facon semble être mienne semble être une langue commune

je saute de l'île du poème à 

cette pensée : cela fait-il une différence 

de comprendre pourquoi tu ne 

m'aimes pas ? 

saute de cette pensée aux 

mots du poème

ta voix est des deux côtés 

du présent

tu lis Ørntoft 

Poème 2014 - apocalyptique - comment 

l'immense tient 

avec l'incroyablement minuscule 

tu lis Jørgen Leth

Je suis une femme 

si seulement je pouvais être cela à tes yeux 

je lis Isolement de Houellebecq

Êtes-vous mon amie me rendrez-vous 

heureux la nuit n’est pas finie 

et la nuit est en feu 

tu lis je lis 

nous discutons les significations

nous lisons jusqu'à ce que tu admettes 

que tu es fatigué - et alors je me mets à 

trembler parce qu'il fait froid

dehors et je ne sais pas ce que les gens

cherchent et il y a tant 

de questions sans réponse et je 

t'aime mais tu as employé des mots comme

hyggeligt et dejligt et tak for

sidste et overvældet et je ne suis 

pas experte dans la langue danoise 

mais ca ne semble pas être bon signe 

ca sonne comme s'il fallait que je sorte

dans la neige me trouver un autre 

désir une autre envie une autre 

volonté

mais la nuit n’est pas finie 

et tu m’invites dans ton lit 

       pour dormir 

juste pour dormir 

les poèmes doivent défricher de nouvelles voies 

pour les pensées ils doivent ouvrir

les écluses doivent conquérir 

de nouveaux territoires avoir des ongles 

longs et creuser

dans la langue et en dehors de la langue 

et nous aussi

mais ne devrions-nous pas dormir juste dormir 

maintenant

ton cœur bat le tempo du présent 

des deux côtés de mes rêves

avec un oreiller noir et blanc 

sous la tête 

demain je sortirai 

dans ce monde flou recouvert de neige

je déposerai un baiser

sur tes lèvres endormies 

susurrant es-tu mon ami 

un baiser sans réponse 

je donne 

dors 

je m’écris une sortie 

je m’écris au dehors d'ici 

*

Chuchote ton cri À la nuit

Si 

Et si le ciel tient À l’endroit 

Je saurai que 

La distance 

Le temps

La distance 

Le temps 

La distance 

Le temps  

Et toi par delà 

La distance 

Le temps La distance 

Le temps 

La distance

Ont un horizon 

Et si le ciel tient À l’endroit 

Tu sauras

*

Tout peut grandir 

je est un paysage dans le paysage et le paysage est aussi un relief en moi

inspirer et être inspiré

Va demande à l’oiseau 

 

Il y a un arrachement avant l’envolée 

Un déséquilibre

 

Il y a un petit état de grâce avant la chute 

 

 

Va demande à la vague 

 

Il y a des mouvements  doubles 

qui élèvent et qui brisent en même temps 

 

 

Va demande au néant 

 

C’est tout ou rien 

ou tout pour le tout 

rien sans rien 

rien de rien 

c’est tout 

 

 

Va

au chant de l’oiseau

au chant de la vague 

Les poèmes qui suivent étaient présentés ainsi; sous leur forme brouillon : 

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