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Petites Rhapsodies - écritures automatiques - collages 

I

 

A partir de mots pris au hasard de recueils lus. 

II écritures automatiques libres

Collage Mallarméen 

Poésie automatique 

 

L’éclat échappe à la solitude 

 

La poésie s’accommode à la cendre 

 

Le langage réapparaîtra comme une denrée

 

La Folie signifiait une époque 

 

Le proche vient en chemin 

 

La cime donnait accès au combat 

 

 

 

Collage Bretonnien 

Poésie automatique 

 

Les épingles divines gravent la langue des oiseaux 

 

Les Enfances perdues survolent l’Eblouissant

                                                                                                                   

Avec l’Amour j’échappais au Sablier 

 

Les pentes étincelantes me séparaient du fond 

 

Ce nom obstrué vit à jamais sous ce crâne 

 

 

(à partir de Signe ascendant) 

 

La mémoire, gardienne-sphynx, s’ébroue mais l’effacement insensible roule son rivet de soie au travers. Synchrone, l’écart entrouvre la grille. 

La mémoire ruisselante, assujettie, dépossédée. 

 

 

 

 

À partir de mots d’Edouard Glissant 

 

Les plis souterrains et les angles aveugles de l’âme lézardent par transparence dans l’union du silence et de la palabre de celui qui devant la petite crête de réel se levant sur sa route, crie et s’émerveille. 

 

 

À partir de mots de Maïakovski 

(in Nuage en Pantalon) 

 

Le voilà, 

le visage aux stratagèmes de brouillard sur traits provisoires

se réclamant héro, partisan, adversaire…

son cœur amer abreuvé par une nappe de lointain vouée au refus du présent, 

le rien lui construit un cratère persévérant dans la main. 

 

 

 

À partir de mots de Luiza Neto Jorge

(in Par le feu)

 

Par la grêle du fauve en cage dans mon poumon est dictée une douleur torride en grand format. 

 

 

L’autre chemin : la fuite frappée à nue par la machine à balbutiements. 

 

 

 

Errance dans les mots de La vie immédiate, Paul Eluard 

 

Un couteau défait, à l’épreuve d’une pluie rougie par une rosace de lumière, se laissa assiéger

 

La pluie rougie et éteinte par la lumière, s’entrouvre : une chambre éblouissante où l’on ne peut entrer, qu’il faut assiéger aussitôt d’un regard exact et tenace. 

 

 

 

Errance dans les mots de ', Jacques Roubaud

 

C’était un matin incliné, ruisselant d’oiseaux traversiers, criblé de grillons hilares, et entaillé par la mort nocturne d’un chêne blanc dans un brasier toussant de la limaille d’écorce. 

 

 

 

Avec les mots d’Alphabet d’Inger Christensen (version anglaise)

 

Tell tell tell poisonous rimes 

about unused things simple things ordinary things

poisonous rimes     arbitrary and long-lasting

tell restless straight

paralyze the day and ice-lock my memory bathing in the vinegar of unused things simple things ordinary things : houses grass grassblades and unborn trees

tell straight restless

straight

restless restless

instrumental

about ordinary things : bombs chromosomes unborn apricots

say : houses grass grassblades 

without intervals

poisonous rimes

disolve my memory 

 

 

 

Avec les mots de L’ombilic des limbes d’Antonin Artaud 

 

L’horrible épaisseur de l’ignorance irrigue la voûte de la conscience. 

 

La malformation de l’espace de la conscience passe dans le vide du cerveau, de l’aisselle, des os, la mesurable asphyxie de la vie

 

 

Avec les mots de Jørgen Leth (in Det gør ikke noget) 

 

nattens rum - natten rummer  

i sit rum smitter natten med bølger af mørket med frihed

natten smitter kærtegner mennesker med en barbermaskine 

natten rummer alt natten rummer poesi rummer et smukt svineri 

natten rummer 

 

(l’abri de la nuit – la nuit abrite

dans son abri la nuit est contagieuse par vagues de noirceur de liberté

la nuit est contagieuse caresse les êtres à la lame d’un rasoir

la nuit abrite tout la nuit abrite poésie abrite un beau foutoir

la nuit abrite) 

 

( la nuit – la nuit embrasse 

dans son embrassade la nuit imprègne par vagues de noirceur de liberté 

la nuit imprègne caresse les êtres à la lame d’un rasoir

la nuit embrasse tout la nuit embrasse un beau foutoir 

la nuit embrasse ) 

 

 

Avec des mots de De l’inconvénient d’être né d’Emil Cioran 

Juillet 2019 

 

L’éléphant arriéré congénital du lendemain, amputé de son animalité originelle, déserté par son zèle, déshérité par sa grandeur historique, dresse sa non-réalité échinée, exulte dans le constant enlisé de la conscience où il rabâche avec une symétrie inaltérable, un vice monotone, la même scène insoutenable d’un euphémisme de non-choix – quand bien-même l’excès de nos veilles. 

 

ou 

 

Le lendemain, cet éléphant arriéré congénital, amputé de son animalité originelle, déserté par son zèle, déshérité par sa grandeur historique, dresse sa non-réalité échinée, exulte dans le constant enlisé de la conscience où il rabâche avec une symétrie inaltérable, un vice monotone, la même scène insoutenable d’un euphémisme de non-choix – quand bien-même l’excès de nos veilles. 

 

et 

 

Naître vertige tributaire d’un acte absolu. 

Se dissoudre vertige pur. 

S’être en cela supplanté. 

 

 

 

 

Avec les mots de Nadirs de Tom Buron

(Editions Maelström, 2019)

novembre 2019 

 

La plaie du plaisir, tendre ouragan dans la cuisse teigneuse de la ciudad, vulcanise la cuvée rance et fumante de fantômes caféinés. 

Ces chérubins, ces bardes enroués, jappent un phrasé affûté de pesos et de bouteilles contre un mensonge d’Eden, contre le bond d’un félin, contre une irréversible berceuse de rédemption. 

La toccata s’enraye dans les rayons orbes prismécordés, dans les câblages de la soufflerie dévoreuse. 

Avec les mots de Seule la mer d’Amos Oz 

Mai 2020 

 

A l’orphelinat du feu, blanchit la braise pondérée. 

Si tu travailles peureusement, si tu questionnes peureusement, si tu insistes peureusement, ta résignation écumera une broussaille de flanelle épaisse. 

L’ardent et le trépidant y erreront, y flétriront une barbe et des favoris ; l’ardent et le trépidant s’y égareront. 

Dans la mièle quiétude, la fourchette restera posée sur la toile cirée – celle que tu aurais pu planter dans le gluant. 

Il est concevable que tu t’en remettes à cette route sans crevasse, sans rauque, sans fardeau, dans la mièle quiétude. 

Il est concevable que la braise s’éteigne. 

Il est concevable que le vivant y passe. 

Avec les mots de La peste de Camus  

juillet 2020 

 

De l’emprisonnement de la pudeur d’une bouche 

à l’emprisonnement d’une conversation préméditée, 

la question trébuche sur la chaleur mouillée, médaillée sur mesure par la prudence. 

 

L’absorption des conséquences dans le sucré du café.  

 

La tâche dorée, irréelle, infiltre le trébuchant et le clair de l’honnêteté. 

Avec les mots de DURAS + les mots de Cendrars

(Un barrage contre le Pacifique + Moravagine) 

Décembre 2021 

 

L’Archipel désespère – 

 

 

Des vagabonds incrédules aux chevilles inaptes, 

pris dans la salive aigre-transie d’une Époque, 

       dans une glaire avachissante – ankylose d’une Époque,

au détour d’un Delta tellurien, 

déploient une flottille crayeuse -fantomale - 

moissonnent des rasades de Zéphyr.

 

Des vagabonds affublés de la rapière de l’enfance, 

besogneux dans leurs enfantillages, 

et le mot « corallien » - dernière cartouche de la riposte – 

reboisent le Royaume

de tendre dans les fougères-tenailles, 

de guêpes dans le rauque des écorces. 

 

Une flottille crayeuse – ectoplasme. 

Une flottille interlope, intempestive. 

Des vagabonds, des enfantillages, une rapière, 

subterfugent, ébrèchent, chavirent une Époque,

la franchissent – 

 

                                     

L’Archipel se repose. 

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